Typographisme

Un site tenu par des amoureux de la typo, sur le Web comme ailleurs.

Vos avis sur @font-face

Le billet précédent sur @font-face a suscité de réactions nombreuses, vives et intéressantes, et je pense qu’il est utile d’en faire une synthèse, pour éclaircir les points de vue, voire dissiper quelques malentendus, et surtout compléter et enrichir ce que j’avais écrit et qui n’avait nullement la prétention d’être exhaustif, vous vous en doutez bien.

Quelques malentendus, donc…

La formulation était peut-être un peu lapidaire, mais (Pas Pirate, si tu m’entends) je n’ai nullement voulu décrédibiliser le libre ni sous-entendre que les utilisateurs de dafont.com étaient des pirates en puissance. Je crois au logiciel libre, et je suis très sérieuse en disant cela. Il y a notamment un très beau projet en matière de typographie, la police Gentium, dont j’espère que nous aurons l’occasion de parler. Derrière « les utilisateurs de dafont.com », je voyais surtout une masse d’internautes qui sont plus en quête de polices fantaisie que de rigueur typographique (oui, il y a des fontes de qualité sur dafont, mais elles sont rares) et qui apprécient justement qu’elles soient gratuites et librement utilisables. Dans cette masse d’internautes, il y a des libristes effectivement, mais aussi une masse de gens qui n’ont pas envie de se soucier des licences, et dont c’est parfaitement le droit.

Quant à l’ancienneté d’@font-face, c’est effectivement une vieille propriété, mais son usage est devenu vraiment possible à partir de l’année dernière, d’où la datación de la revolución.

@font-face sous Windows

La conclusion : ce n’est pas du tout au point visiblement. La faute au format EOT qui fait des pâtés et à l’anti-aliasing du système d’exploitation. STPo a notamment pointé du doigts des problèmes de crénage (kerning, letter-spacing, approche, appelez ça comme vous voulez). Auré choisit de se rabattre sur les polices websafe par sécurité et souci d’homogénéité d’un navigateur à l’autre. Il y aurait donc plusieurs solutions à cela : utiliser Cufon comme le suggère Kaelig (bien que cela puisse être délicat du point de vue de la licence – encore), patienter gentiment que la technologie progresse (Typekit se pencherait sur le problème), ou faire de l’espionnage à coup de Javascript pour servir autre chose à vos visiteurs sous Windows (solution qu’on peut légitimement qualifier de sale).

Licences et piratage

Plusieurs problèmes ont été soulevés, d’autant plus pertinents qu’il s’agit souvent de retours d’expérience. Ainsi les designers et les agences, loin d’être vertueux, ne se soucient pas toujours de payer les licences requises. À cela je réponds : c’est très mal. Quand on est pro, on peut se faire contrôler. Faites un peu attention. Il a également été signalé que le modèle Typekit, s’il est attractif et pratique, n’est pas idéal dans la mesure où il faut renouveler sa licence tous les ans. Olivier a toutefois rappelé un point intéressant : les chartes graphiques incluent des polices, et s’il devient possible pour une entreprise d’utiliser les polices de sa charte sur son site Web, elle a tout intérêt à se préoccuper des droits sur le web comme elle le fait pour le print.

Concernant les craintes que peuvent avoir les fonderies, les avis sont partagés : certains considèrent qu’effectivement le piratage est déjà facile et pratiqué, donc la différence est faible. Pour d’autres, @font-face peut être une menace. Je penche toujours pour la première option, mais je vais répondre : le temps nous le dira ma bonne dame.

Et pour enfoncer le clou, il existe effectivement des polices libres de qualité, j’ai cité Gentium plus haut mais quand j’étais sous Linux j’aimais bien la famille des Luxi, certaines Bitstream Vera, et j’en passe. Mais l’intérêt de l’utilisation de ces polices avec @font-face reste à discuter dans la mesure où elles ont plus vocation à être « standard » et lisibles qu’originales.

C’est scandaleux, les espaces ne sont pas insécables devant les ponctuations doubles !

Maintenant, si. Merci à Franck et à son beau plugin Dotclear (non rétroactif) : Typo.

dans Design Web Par Anne-So